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Offrir un milieu de travail psychologiquement sécuritaire : un objectif dans la mire des gestionnaires.

Par: Marc Bien, psychosociologue

Comme dans l’expression à quelque chose malheur est bon, la pandémie aura contribué à lever le voile sur les enjeux de santé mentale et cette prise de conscience collective n’échappe pas aux gestionnaires. Afin d’éviter les lourdes conséquences rattachées à la détresse psychologique, tant pour la productivité de l’entreprise que pour le bien-être et la qualité de vie des travailleurs et des travailleuses, les entreprises réalisent l’importance d’offrir un milieu de travail psychologiquement sécuritaire.

Heureusement, il existe des moyens concrets pour faciliter la mise en place de tels milieux dont, entre autres, s’attarder aux risques psychosociaux présents dans l’environnement de travail.

Ce billet veut sensibiliser les organisations aux risques psychosociaux et propose quelques pistes d’action afin d’aider à prévenir l’apparition de problématiques de santé mentale.

 

 

Quels sont les risques psychosociaux liés au travail?

Les risques psychosociaux liés au travail – souvent désignés sous le sigle RPS – désignent les risques engendrés par les conditions d’emploi susceptibles d’interagir avec la santé physique et psychologique.

Bien que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) (1) en identifie quatre : 1. le harcèlement psychologique ou sexuel au travail, 2. la violence en milieu de travail, 3. la violence conjugale et familiale ou à caractère sexuel et 4. l’exposition à un événement potentiellement traumatique. Il en existe d’autres, dont la charge de travail excessive, les exigences émotionnelles élevées et le manque d’autonomie professionnelle ou de latitude décisionnelle.

 

 

Impacts des risques psychosociaux pour l’entreprise

La présence de risques psychosociaux dans une organisation peut avoir de lourdes conséquences sur la santé mentale de ses collaboratrices et de ses collaborateurs car ils sont associés à une augmentation du stress et de l’anxiété, à l’apparition de symptômes dépressifs, à de l’épuisement professionnel et même, dans les cas les plus graves, à des idéations suicidaires.

À leur tour, ces problèmes de santé mentale peuvent entraîner une baisse de motivation, une détérioration des relations de travail, une hausse de l’absentéisme et une augmentation du roulement de personnel.

Vous l’aurez compris, au-delà de l’impact humain, les RPS génèrent également des coûts importants pour les entreprises : coûts liés à l’absentéisme, à la baisse de productivité, aux accidents du travail, aux arrêts de maladie prolongés, etc. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) l’affirme sans ambages :

 

« Les troubles de la santé mentale font peser un lourd fardeau sur nos sociétés et nos économies : même avant la pandémie, leurs coûts économiques étaient estimés à plus de 4 % du PIB par an dans les pays de l’OCDE, soit plus que le coût du surpoids et de l’obésité. » (2)

Face à ces enjeux, les entreprises ont donc tout intérêt à prendre au sérieux la question des risques psychosociaux et à mettre en place une véritable stratégie de prévention, dans une logique de responsabilité sociale et de performance durable.


Pistes d’action pour prévenir les risques psychosociaux

Longtemps reléguées à la sphère personnelle, les problématiques de santé mentale passaient sous le radar des gestionnaires et leur résolution était considérée de responsabilité individuelle. Dorénavant, conscientes de ces phénomènes, les entreprises agissent également de manière globale et systémique en s’attaquant aux causes organisationnelles plutôt que de se concentrer uniquement sur les symptômes individuels, et ce, afin de prévenir efficacement les risques psychosociaux.


Voici quelques pistes d’action à envisager :


  • 1. Prendre conscience des risques psychosociaux – Que ce soit par de la formation structurée ou par des lectures glanées sur Internet, il est important que toutes les personnes qui collaborent au succès d’une entreprise soient conscientes de ces phénomènes afin de pouvoir, dans un premier temps, les repérer lorsqu’ils se présentent.

  • 2. Impliquer et responsabiliser les collaborateurs – Les travailleurs et les travailleuses de tous les secteurs de l’organisation doivent être étroitement associés à la démarche de prévention, par exemple, en les faisant participer à l’identification des risques, à la définition des solutions et à leur mise en œuvre.

  • 3. Agir sur l’organisation du travail – Périodiquement, il peut être bénéfique de revisiter l’organisation du travail pour s’assurer que celle-ci est toujours en adéquation aux besoins des humains qui travaillent dans l’entreprise et non l’inverse. Quelques exemples de facteurs à considérer : la charge mentale et émotionnelle, l’autonomie décisionnelle, les conditions et les horaires de travail, etc. Des actions peuvent aussi viser à renforcer la reconnaissance, le soutien social et la qualité des relations interpersonnelles.

  • 4. Former et accompagner les gestionnaires – Les gestionnaires jouent un rôle essentiel dans la prévention des RPS, car ce sont eux qui incarnent et relaient les valeurs et les procédures de l’entreprise au quotidien. Il est donc crucial de les former à la détection précoce des signaux de souffrance et à l’accompagnement des personnes en difficulté.

  • 5. Proposer un soutien psychologique – Enfin, les entreprises ont tout avantage à mettre en place des programmes d’aide aux employés et aux employées afin, en tout premier lieu, d’aider les personnes en souffrance mais, aussi, pour réduire les coûts reliés aux problématiques avérées de santé mentale.


Offrir des aires de repos – comme le propose Recharjme – est un exemple d’outil efficace pour améliorer les conditions de travail en permettant, entre autres, de soulager la charge mentale et émotionnelle. De plus, ce genre d’actions signalent clairement les valeurs de bienveillance de l’organisation et font en sorte que les employés se sentent soutenus.

 
La santé mentale au travail : un enjeu incontournable!

À n’en plus douter, la santé mentale est désormais un enjeu incontournable du monde des affaires. Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, et où de plus en plus de générations de travailleuses et de travailleurs ont la préoccupation de veiller à leur santé mentale, prendre conscience des risques psychosociaux liés au travail et mettre en place une véritable stratégie de prévention participera à la performance et au succès à long terme de toute organisation.

(1) Pour plus de détails : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/prevention-securite/sante-
psychologique/risques-psychosociaux-lies-au-travail

(2) Récupéré sur Internet le 17 avril 2024 : https://www.oecd.org/coronavirus/fr/les-donnees-
dechiffrees/le-cout-des-problemes-de-sante-mentale

Nous sommes fiers de collaborer avec Marc Brien. Il est psychosociologue et a plus de 25 ans d’expérience comme travailleur autonome en clinique privée et dans les organismes communautaires.

Apprenez-en plus sur son travail au marcbrien.ca

3 mai 2024

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